Étude Supply Chain durable 2021
de la Supply Chain durable.
La Supply Chain Durable est en route !
Les Responsables Supply Chain que nous avons interrogés ont une appétence forte pour le développement durable, c’est sans aucun doute le premier enseignement de cette étude.
Ils en font un axe de développement et une opportunité de refonte de leurs pratiques et de leurs organisations. Neuf fois sur dix, leurs actions s’inscrivent dans des projets d’entreprise qui englobent la Supply Chain dans une stratégie plus large. Même en absence d’une stratégie RSE dans l’entreprise, une majorité de ces responsables Supply Chain mènent déjà des mesures de leurs impacts, ne serait-ce que pour répondre à la réglementation.
Une telle appétence génère naturellement des frustrations, en particulier dans l’univers industriel où le sentiment qui prévaut pourrait se résumer comme suit : des projets qui ne vont pas assez loin, pas assez vite.
Parmi les acteurs industriels interrogés, deux classes distinctes apparaissent. D’une part, des acteurs engagés, pour certains de longue date, dans des business models reposant sur des engagements forts et, de l’autre, des fabricants pour lesquels la transformation se fait attendre, moins exposés pensent-ils aux risques liés à une telle posture.
Les entreprises de la distribution ont quant à elles pris la mesure de la tendance avec de nombreux projets engagés sur un laps de temps court.
- Les entreprises industrielles ont un mode de pilotage des projets RSE traditionnellement « top-down », propre à freiner les initiatives individuelles, comme en témoigne un manque d’implication largement ressenti (relevé par 77% des responsables interrogés). A contrario, les projets lancés chez les acteurs engagés sont généralement très avancés et offrent déjà des résultats concrets sur les domaines régaliens que sont le Sourcing, la fabrication ou l’empreinte industrielle. En matière de Supply Chain durable, nous pouvons parler d’un monde industriel à deux vitesses.
- Parallèlement, les responsables Supply Chain dans la distribution se montrent plus optimistes. Une gouvernance plus partagée et une meilleure implication des équipes favorisent l’émergence des initiatives. Il est à noter qu’une majorité des sondés n’en est pas encore au stade de produire des résultats tangibles. Le mouvement est massif mais naissant.
Dans deux cas sur trois, les projets de Supply Chain durable sont impactés par la conjoncture. 84% des responsables concernés déclarent avoir revu leurs ambitions RSE à la baisse en réponse à une conjoncture difficile (difficultés d’approvisionnements, prix des conteneurs,….). Pour 16% toutefois, ces difficultés ont été vécues comme une opportunité de reconfigurer leur Supply Chain et d’inclure la RSE comme une composante essentielle : un phénomène né d’« une prise de conscience de notre responsabilité »…
Pour arriver à destination, la démarche doit néanmoins gagner en maturité.
La Supply Chain intégrée n’en est encore qu’à ses balbutiements en matière de Supply Chain Durable.
En effet, trois paramètres nous incitent à ce constat :
- L’implication de partenaires externes est encore faible à l’exception des sous-traitants ou des prestataires logistiques. Pour les fournisseurs, par exemple, les entreprises sont au stade de la sensibilisation aux enjeux RSE, loin de la mesure de la performance en la matière. Ces éléments nous conduisent à une interrogation sur la bijectivité des échanges entre partenaires, les plus matures étant plus aptes à formuler des propositions.
- La gestion des données nécessaires au pilotage d’une Supply Chain Durable ne quitte pas les domaines régaliens des entreprises. Ainsi, les responsables s’estiment satisfaits des données à leur disposition en interne mais très partiellement lorsque celles-ci viennent de partenaires.
- La faible connaissance et l’application, encore plus faible, des normes et référentiels mis à la disposition des entreprises laissent penser que les outils disponibles, en particulier pour les échanges entre partenaires, sont peu employés.
Il est à noter que les industriels investiguent mieux la fin de vie des produits que les distributeurs. La circularisation des Supply Chain devra mieux intégrer l’ensemble du cycle de vie des produits et transversaliser les relations dans une logique collaborative plus approfondie.
La transformation profonde des Supply Chain est lancée et l’accompagnement au changement auprès des équipes est encore jugé insuffisant, principalement dans l’industrie, pour gérer la montée en maturité des entreprises et l’expansion de la Supply Chain Durable.
Treize actions pour atteindre ses objectifs en matière de Supply Chain durable
Incitation à l’emploi des minorités et des travailleurs handicapés :
La législation stipule que tout employeur d’au moins 20 salariés doit employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l’effectif total. Dans le cadre de leur politique RSE, les entreprises vont au-delà de l’obligation légale avec des politiques d’emploi de minorités et de travailleurs handicapés.
Optimisation des efforts de R&D :
La conception d’un produit définit significativement son empreinte RSE. Par conséquent, toutes les actions menées sur la R&D peuvent apporter des résultats concrets et significatifs sur la durabilité de la Supply Chain étendue.
Géolocalisation et mutualisation des parcours de livraisons :
Le co-transport apparu depuis quelques années a apporté une solution pour le partage des moyens de transports entre plusieurs entreprises et la réduction des coûts et des empreintes carbone. La montée en puissance du co-transport nécessite plus de visibilité sur les flux, traduit par la géolocalisation. La visibilité est le seul moyen qui pourrait permettre la mutualisation des parcours de livraison et la promotion du co-transport.
Traçabilité des matières premières et composants :
La traçabilité des matières premières et des composants est devenue un devoir des producteurs. Ils sont responsables du choix, des origines et des méthodes d’approvisionnement, ils sont également responsables des pratiques de leurs fournisseurs. Face à cette situation, les entreprises s’engagent de plus en plus dans des démarches de traçabilité et de sécurisation de filières amont.
Visibilité sur la chaîne d’approvisionnement et limitation de l’empreinte carbone :
La réduction de l’empreinte carbone concerne et implique l’ensemble de l’écosystème d’une entreprise. Le seul moyen pour atteindre cet objectif est de mettre en place de la visibilité avec une dynamique de partage et de transparence avec les différents acteurs de la chaine d’approvisionnement.
Modes de transports alternatifs :
L’utilisation des modes de transports alternatifs, appelés également moyens de transport doux, s’impose comme alternative aux transports classiques connus et utilisés jusqu’à maintenant. De grandes initiatives se mettent en place pour booster ces modes de transport que ce soit pour le transport amont ou pour le dernier kilomètre.
Diminution de la consommation liée à l’outil de production / d’exploitation :
La rationalisation de la consommation d’énergie est un sujet d’actualité, il l’est encore plus en ce qui concerne l’outil de production à la fois en termes de coût et en termes d’impact environnemental. Face à cela, les entreprises lancent des initiatives de rationalisation de la consommation ou même d’utilisation d’énergie verte.
Réduction des gaspillages et des non-qualités :
Face à la surconsommation des ressources naturelles et à l’avancement du « Jour du dépassement », la réduction des gaspillages et des non-qualités devient une nécessité et une urgence pour rationnaliser l’exploitation des matières premières. La tendance inflationniste et les tensions d’approvisionnement sur les matières premières viennent donner un coup de pouce significatif à cette cause.
Programmes de recyclage liés aux opérations :
Levier de régénération des matières premières, le recyclage est une pierre angulaire dans l’instauration de la circularité. Le recyclage est un levier redoutable permettant aux entreprises de rationnaliser significativement leur impact environnemental.
Optimisation du footprint industriel et logistique :
Les sujets de relocalisation et de « near-sourcing » sont d’actualité, leurs impacts peuvent être structurants et significatifs que ce soit en termes de rationalisation des flux et des transports ou en termes de visibilité sur les opérations. Fort de ce constat, le footprint industriel et logistique devient une priorité des entreprises.
Optimisation des entrepôts et opérations d’entreposage :
L’optimisation des entrepôts et des opérations d’entreposage va de la rationalisation de la consommation d’énergie jusqu’à l’optimisation des flux et des stocks en passant par la réadaptation des locaux, ce qui en fait un sujet important pour les entreprises.
Livraison jusqu’aux clients finaux :
La transformation des modes de consommation et la montée en conscience environnementale des consommateurs se sont traduit au niveau logistique par une transformation des flux et l’apparition de nouvelles pratiques visant la rationalisation des transports et la massification des flux.
Gestion de la fin de vie des produits :
Le changement des souhaits des consommateurs et les nouvelles règlementations font de la circularité « LE » sujet de la Supply Chain durable. La gestion de la fin de vie des produits est un sujet majeur de la circularité, il interroge toutes les entreprises en basculant et en remettant en cause leurs schémas directeurs logistiques pour le réadapter aux exigences.