9 bonnes pratiques pour dynamiser l’innovation fournisseurs
Règle #1 : Organiser et promouvoir la veille pour engager avec efficacité les partenaires de l’écosystème d’innovation
Solliciter l’innovation des fournisseurs, c’est d’abord être capable de communiquer clairement sur ses axes stratégiques d’innovation. Il ne s’agit surtout pas de brider la créativité, mais d’orienter les propositions vers les priorités stratégiques de l’entreprise (miniaturisation, réduction d’énergie, connectivité, réduction de CO2…). Le plan d’innovation ou roadmap technologique est un outil clé permettant de projeter et partager cette vision au travers d’une gouvernance multi-métiers.
Ensuite il convient de bien cartographier son écosystème d’innovation. Celui-ci ne se limite pas aux seuls fournisseurs mais il englobe un ensemble plus complet de partenaires qu’il s’agit de fédérer (fournisseurs, clients, universités, laboratoires, start-up, consommateur, associations, etc…).
Enfin, les axes d’innovation peuvent être promus, partagés et mutualisés avec les partenaires de l’écosystème d’innovation au travers de différents canaux de communication (réunions stratégiques, portails innovation, open innovation, forum, etc…).
En conclusion, capter et réussir l’innovation repose d’abord sur une compréhension et une organisation claire de la relation avec ses partenaires pour mieux utiliser les énergies et compétences de chacun.
Règle #2 : Identifier et sélectionner les bons fournisseurs pour réussir les bonnes innovations
Trop souvent les entreprises s’appuient sur un modèle classique de SRM (Supplier Relationship Management) pour identifier leurs fournisseurs privilégiés pour l’innovation. Ces modèles sont souvent guidés par une volonté de rationaliser le nombre de fournisseurs et conduisent à s’entourer de fournisseurs importants capables de répondre à l’ensemble des critères requis. Or les fournisseurs les plus gros ne sont pas forcément les plus pertinents pour l’innovation ! Réussir l’innovation c’est aussi s’entourer de fournisseurs plus petits, plus agiles, capables de vous accompagner dans les évolutions de votre Business Model (notamment guidé par la révolution digitale). L’intégration de ces « pépites » suppose de savoir adapter ses stratégies achats et notamment être capable de valoriser l’apport de ces fournisseurs afin de leur permettre de se développer avec vous.
Nous avons retenu 3 critères majeurs pour identifier les bons partenaires :
- Les compétences : technologiques, qualité, industrielles, financières…
- La capacité à coopérer : qui s’exprime notamment par l’alignement stratégique et l’accord sur les grands principes de la collaboration et de la gouvernance sur les projets d’innovation
- Le « fit » : la compatibilité des cultures mais surtout l’envie et l’implication du Top management
« Big is Beautiful » n’est pas forcément la panacée pour choisir vos partenaires en co-innovation. Réussir l’innovation est d’abord une histoire d’hommes et de femmes et de coopération entre les talents !
Règle #3 : Partager la bonne information avec les fournisseurs pour assurer l’alignement stratégique
Susciter l’innovation fournisseurs et co-innover c’est d’abord savoir s’ouvrir et ne pas hésiter à partager des informations jugées sensibles (d’où l’importance de la règle n°2) : échanger sur les visions du marché, les évolutions consommateurs, partager les plans d’innovation, les éléments clé de la roadmap technologique, etc…!
Bien sûr, cela doit être réciproque. Si des événements spontanés peuvent être organisés (conventions, open innovation, etc…), il est important d’organiser des revues stratégiques avec les fournisseurs clé (en général 2 fois par an), afin de garantir l’implication du top Management et l’alignement des sociétés.
L’innovation naît d’abord de l’échange et doit être pilotée par le Top Management des 2 Parties
Règle #4 : Créer un climat de confiance pour co-générer des idées avec les partenaires
C’est bien connu. La majorité des innovations proviennent de l’échange et de la confrontation d’idées. Il existe de multiples moyens pour organiser cette cogénération : réunions spécifiques, challenges, techdays, séances de créativité, plateformes collaboratives, etc… Dans tous les cas il importe de s’accorder au préalable sur un contrat de collaboration qui fixe les règles de la collaboration et de l’exploitation des idées (notamment en termes de protection intellectuelle, partage des risques, etc..).
Combien de tentatives avortées ou accouchées dans la douleur et la frustration parce que les conditions de la collaboration n’ont pas été clairement définie ou départ et surtout portées par les instances dirigeantes des sociétés partie prenantes.
La création d’un cadre de confiance avec les partenaires est un prérequis fondamental pour réussir et pérenniser la cogénération d’idées !
Règle #5 : Structurer le traitement des idées pour sélectionner les bonnes innovations
Générer les idées n’est pas le plus compliqué. Il convient ensuite de les évaluer et de les discriminer facilement au regard de critères rationnels. Ceci suppose la mise en place de fiches de documentation standard où sont notamment décrits les enjeux (valeur client, différentiation, compétitivité etc…) et le niveau de risque (technologique, industriel, etc…). Un processus fluide doit permettre de traiter les idées de manière réactive afin de donner un retour rapide et argumenter auprès des fournisseurs.
Une bonne pratique consiste souvent à faire cette évaluation en 2 étapes (filtre 1 et filtre 2) qui permet d’écarter rapidement les idées non valables pour se concentrer sur celles qui présentent un réel intérêt.
Discriminer les idées avec agilité pour réussir la bonne transformation et garder la motivation des partenaires !
Règle #6 : Promouvoir et structurer les échanges en interne pour mieux piloter l'innovation
La mise en place d’une gouvernance multi-métiers (marketing, R&D, Achats…) est un facteur clé de succès pour organiser la promotion et la conduite de l’innovation avec les fournisseurs ou plus largement les partenaires de l’écosystème.
Cette gouvernance est fondamentale pour aligner les roadmap technologiques, les stratégies achats et les roadmaps fournisseurs. Certaines entreprises font ainsi évoluer significativement leurs organisations. Ainsi, cet équipementier automobile de premier plan qui a réuni sous une même organisation (« Engineering Procurement ») une partie de ses équipes R&D et Achats/Développement Fournisseurs pour piloter l’innovation fournisseurs et assurer l’alignement avec les roadmap métiers.
Règle #7 : Valoriser l'innovation en interne pour créer l'envie
Favoriser une culture de l’innovation nécessite la mise en place d’une conduite du changement qui repose autour de 3 axes :
- Créer le bon état d’esprit : communications, célébration du succès, reconnaissance du droit à l’erreur, mise en avant des fournisseurs, etc.
- Démystifier : organiser des visites industriels/labos, partager des benchmarks, communiquer sur des innovations simples réalisées, etc L’innovation est à la portée de tous !
- Donner l’envie : créer des challenges ou des trophées, incentiver les managers sur les moyens dédiés à l’innovation, créer un indicateur synthétique, etc…
L’innovation est avant tout un état d’esprit !
Règle #8 : Favoriser l’implication individuelle dans l’innovation pour démultiplier les initiatives
L’innovation ne se décrète pas. Elle doit être à l’initiative de chacun et du plus grand nombre. Si la communication et la valorisation de l’innovation contribuent à créer cet état d’esprit, cela n’est pas suffisant pour autant. Il convient également de relayer par des actions managériales et RH.
- Donner les moyens aux managers : les former et les coacher pour leur permettre de relayer auprès des équipes ; leur permettre d’octroyer du temps à l’innovation
- Intégrer les critères d’innovation dans les processus de recrutement, d’évaluation, ainsi que dans les parcours d’intégration des nouveaux arrivants.
Les Ressources Humaines ont un rôle clé dans la diffusion de la culture d’innovation !
Règle #9 : Développer les bonnes compétences pour capter et conserver la valeur créée
Réussir l’innovation avec les fournisseurs, c’est aussi savoir développer les bonnes compétences.
Développer les compétences techniques : l’erreur classique consiste à focaliser l’innovation fournisseurs pour combler un manque de compétences technologiques internes ! Or, justement il faut être capable de toujours maîtriser l’innovation venant du fournisseur afin de capter la juste part de la valeur mais aussi de la conserver dans le temps. La cartographie des connaissances est donc un pré-requis important avant d’engager une telle démarche.
Développer les compétences de savoir-être : les compétences requises pour susciter et piloter l’innovation fournisseurs ne sont plus celles attendues traditionnellement des acheteurs. Les compétences techniques ou fonctionnelles s’effacent au profit compétences de leadership, de Business Development, « Intelligent Risk Taker », etc…
Le temps est venu de remplacer le « Cost Killer » par le « Business Developer »!
Conclusion
Pour conclure, nous dirons que réussite de l’innovation fournisseurs repose l’organisation d’un Ecosystème structuré mais suffisamment agile pour faire émerger et aboutir les nouvelles opportunités. Ces nouveaux schémas de coopération sont à la fois plus complexes et dynamiques. Ils bousculent les traditionnels modes de relation entre les entreprises et leurs fournisseurs. Les entreprises et notamment les Achats doivent se redéployer et s’équiper afin faire face à ces nouveaux défis. Un enjeu majeur pour assurer la contribution de la fonction achats à la création de valeur !